Le dernier voyage

Tout a commencé par la découverte d'un vieux wagon rouillé. Il était seul sur sa voie désaffectée.
Terminus, fin du voyage.
J'ai tourné autour et me suis mis à imaginer sa vie de wagon.
Il a du parcourir des milliers de kilomètres, traverser des centaines de villes et gares. Des langues étrangères ont du lui parler. Il a du subir peut-être les pires conditions météorologiques.
Fatigué, usé, il ne roulera plus. Il aurait tant de choses à dire et à raconter.
La mémoire de l'acier et du bois.
A marcher dans ces vieux wagons j'y ai même rencontré un fantôme égaré dans la voiture restaurant. D'où venait-il? Où allait-il? je ne le saurai jamais.
Ces images sont là pour lui rendre hommage et pour transmettre sa mémoire de voyageur.
Monter dans ces vieux wagons c'est marcher dans le passé, les planchers craquent, les pas crissent sur les débris de verre des fenêtres éventrées. Juste le silence et la caresse du vent qui s'infiltre le long de ces couloirs. Dans ce silence j'ai imaginé ces voyageurs, entouré par les murmures de leurs discussions et les rires des enfants. J'ai imaginé leurs voyages. Retrouver l'être aimé ou le quitter. Aller le coeur serré ou soulagé vers une nouvelle vie.
Dans nos souvenirs il y a toujours un train qui nous éloigne ou nous rapproche d'une destinée.

Marianne Guétat-Klaus, poète et amoureuse des mots, qui m'avait déjà fait l'honneur de participer à mon projet "Le son gris de la goutte de pluie" a écrit un très beau poème pour cette série.